10/31/2018
Il y a des lectures comme ça, qui nous tombent dessus un peu par hasard et qui nous amènent à des endroits que nous n’avions pas vu venir. Qui parlent directement à notre cœur de la plus belle – et de la plus déstabilisante – des façons.
Depuis un peu plus de deux ans, je suis tombée en amour avec le monde fascinant de la photographie : mon désir d’apprendre les bases de la photographie m’a rapidement amenée à m’intéresser au processus derrière la caméra, à la vision des grands photographes, à ce qui les pousse à s’exprimer par ce médium, à ce qui fait en sorte qu’on est touché par un artiste plutôt qu’un autre… Et je suis tombée sur ce bijou de livre (électronique) Your F should be 5 (and other platitudes) du photographe canadien David duChemin.
Dans ce livre, duChemin exprime sa vision de ce qui permet à un photographe de s'épanouir dans son art et d’offrir au public des photos qui les toucheront. Quel rapport avec le monde du travail ? Beaucoup plus qu'on peut le penser...
« Right now, I suck so profoundly at all this (photography) that it’s taking all my energy just to gain competence. But mere competence isn’t the point, is it ? Don’t we want more? (…) Humanity doesn’t need more sharpness. We hunger for beauty, and meaning, for stories, and for love – among other things. »
- David duChemin
N’est-ce pas là ce que plusieurs d’entre nous vivent dans nos organisations ? Le sentiment de ne jamais être suffisamment compétent. Un sentiment ravivé à coup d'évaluations annuelles, de rencontres de suivi avec notre gestionnaire ou de formations continues qui promet une meilleure version de nous à nos supérieurs ... Mais duChemin pose la question suivante : Est-ce que l’humanité a réellement besoin de gens plus compétents ?
Milieu du travail : De quoi avons-nous réellement besoin ?
En réponse à cette question, duChemin poursuit avec une autre réflexion : et si c’était d’autre chose dont nous avions besoin ? De retrouver la petite flamme en nous qui nous fait sentir humain et vivant, qui trouve son énergie dans ce qui fait sens avec nos aspirations et nos valeurs, qui nous permet de raconter et partager notre vision du monde avec les autres, qui nous met en action avec confiance et détermination…
Petit aparté: Saviez-vous que le mot « art », en latin artis, signifie « métier, talent » ? N'est-ce pas ce que l'on recherche dans nos organisations ? Mettre en place les conditions qui favoriseront l'épanouissement du "talent" de ses membres. Donc, leur offrir un environnement où ils peuvent exprimer et pratiquer leur "art" ?
Redécouvrir l'artiste en vous
Vous êtes-vous déjà posé la question suivante: "Est-ce que mon organisation me permet d'exprimer mon art et de mettre à profit mon talent au quotidien ?".
Pour être en mesure de répondre à cette question, il faut tout d'abord être en mesure de connaitre les réponses à celles-ci: « Quelle est ma mission de vie, celle que j’ai envie d’incarner et de réaliser ? » ; « Quelle est ma contribution, mon art, que je souhaite offrir au monde ? ». Pour plusieurs d’entre nous, il est difficile de trouver notre voix – non pas parce qu’on n’a rien à dire, à offrir ou à accomplir – mais parce qu’on ne nous a jamais accompagnés à la découvrir et encore moins encouragés à l’exercer. Ni à la maison, ni à l’école, ni au travail…
Or, un bon photographe a besoin de bien plus que des compétences techniques : il doit avoir un style qui lui est propre, qui lui permet d’exprimer de la façon la plus intime et authentique qui soit, SA vision du monde.
N'est-ce pas là un rôle important pour les dirigeants et les gestionnaires ? Accompagner ses membres à découvrir, développer et exprimer leur art dans leur organisation ?
Et n'est-ce pas notre propre rôle de choisir une organisation qui nous permettra d'accomplir notre mission de vie, de développer notre talent, d'offrir notre art ?
« It’s time we started taking responsability for the stories we tell, and the way we tell them. And it’s time we took responsability for choosing the stories and the storytellers we listen to. »
- David duChemin
4 questions à se poser pour transformer le monde du travail
Alors, comment trouver notre voie, développer notre style, transformer notre travail pour lui permettre d'exprimer notre « art » et de raconter notre histoire à travers lui ? De son côté, David duChemin propose aux photographes d’explorer quatre grandes questions dans leur pratique quotidienne. À chaque sortie photo, à chaque prise, il nous invite à se poser les questions suivantes:
Est-ce que je suis fidèle à qui je suis ?
Est-ce que je raconte l’histoire dont j’ai envie?
Est-ce que ce que je propose est empreint d'humanité ?
Est-ce que ce que je propose a un impact positif?
Quelque chose me dit que ce sont des questions que nous devrions également nous poser au quotidien dans nos organisations…
Je vous laisse avec une dernière citation de duChemin, qui m'accompagne maintenant, et que je vous partage parce qu’elle fait partie de l’histoire que j’ai le goût de raconter, avec authenticité et humanité, pour notre bien à tous : « Art made in submission to the rules of others is not art. It’s bondage. »
Marilyn
Nice blog!